Notre fille qui était à la maison nous a prévenu, j'ai immédiatement téléphoné à mes amis de l’équipe de l'office du tourisme de Nice, organisateur du feu d'artifice. Certains avaient réussi a rejoindre le bâtiment de l'office pour s'y mettre a l’abri, d'autres étant encore bloqués dans la foule.
C'est ma façon de réagir, de m'exprimer, de partager ces moments avec tous, car ces dessins paraissaient pour certains dès le lendemain .
C'est aussi une forme d'exutoire, et j'ai la faiblesse de penser que les lecteurs eux aussi en ont besoin pour se rassembler autours d'images communes . C'est un moment de partage . J'ai voulu que ces dessins soient " regardables " par tous , même par les victimes, aussi j'ai choisi de ne représenter ni sang ni corps , j'ai essayé de rester sobre dans l'horreur .
Ne pas baisser les bras, ne pas se résigner, mais savoir que ça peut arriver. Je le savais déjà ayant perdu quelques amis proches lors de l’attentat de Charlie. Aujourd'hui je m'occupe d'un groupe d'adolescentes victimes du 14 juillet, nous dessinons leurs vies d'après. Le dessin comme thérapie.
Le crayon comme seule arme. Et surtout ne pas faire d'amalgames, ne pas tomber dans les pièges de ceux qui veulent nous diviser.
Un seul mot, c'est impossible...
Gâchis
Stupidité
Lâcheté
... mais le mot ou le nom que je ne prononcerai jamais est celui du terroriste, je l'ai d’ailleurs oublié.
Par contre, je n'oublierai jamais celui de Franck Terrier, parti seul à l'assaut du camion avec son scooter. Alors si, peut être, finalement, si je ne devais dire qu'un seul mot, je l'adresserai à Franck :